Spiritualités

 
 
 

Méditation et Culpabilisation

 

Réflexions sur la méditation et la culpabilisation

En général, on se s'aime pas beaucoup soi même. On se compare aux autres. Et comme les autres sont différents, bien sur, on se trouve vite inférieurs à eux dans bien des domaines. Ca commence par des pensées du type "ha si j'avais les cheveux de untel !" , ou " Ce gars là fait des maths comme il lirait un polar, mais moi il me faut bosser à fond et sans résultats..".

Tu as bien dû toi aussi, ami lecteur, te faire du mal comme cela. Non ?

Pas très souvent, heureusement ! Mais quand cela arrive, les traces sont parfois profondes et durables. Et puis ce n'est pas aussi net et aussi conscient que cela souvent. On dit, dans un dicton, que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin. En d'autres termes, on a un peu tendance à jalouser, inconsciemment, le voisin. On désire souvent ce que les autres ont et pas nous. Bref, on ne sait pas se contenter de ce que l'on a (et qui, généralement, est déjà bien).

C'est un des aspects de la "souffrance" dont parle le Bouddha. La frustration. En réalité, presque toutes les souffrances, hormis la souffrance physique, se ramène à ce type de souffrance : la frustration. Ne pas avoir ce que l'on désir. Avoir ce que l'on ne désire pas avoir. Etre séparés de ceux que l'on aime. Etre liés avec ceux que l'on aimerait loin de soi. J'ai conscience que je vais plus loin ici que ce que j'ai écrit plus haut. Mais c'est l'explication complète. En réalité, pour trouver le bonheur, c'est simple... Il suffit de ne plus être frustrés. Quand a ne plus être frustré, c'est par contre un long, très long chemin pour la plupart d'entre nous.

Il y a deux autres types de souffrances : la souffrance de la souffrance physique: quand on a un bobo, on souffre deux fois plus de ne pas l'accepter ! Et le dernier type de souffrance, c'est celui de la vie ordinaire. Même quand tout semble aller bien (par exemple tu es sur une plage, au soleil, avec un gentil garçon ou une gentille fille, un jus d'orange frais à portée de la main etc...) , il y a toujours un truc qui tourne mal et qui te gâche ton plaisir (par exemple, un moustique vient roder autour de toi). C'est la souffrance inhérente au "samsara", c'est à dire à notre condition de vie terrestre en homme ou en femme. Rien n'est jamais parfait dans ce monde et ne le sera jamais. La seule façon de ne pas en souffrir, c'est de le savoir.... C'est aussi pour cela qu'il faut "lâcher-prise", puisque c'est là la façon de ne pas s'accrocher à ce qui nous fait souffrir.


Mais enfin, tant que cela reste à un niveau assez physique, c'est pas encore trop grave. Là ou cela devient bien plus embêtant, c'est quand on se trouve intellectuellement ou spirituellement (au sens très large) moins bon que les autres. Bonjour la culpabilisation !
Un bon moyen d'en prendre conscience, c'est de méditer, bien sur. Dans le calme de la méditation, les pensées qui remontent à la surface sont celles là (pas uniquement, bien sur. Combien de fois n'ai-je pas résolu un problème de mécanique, par exemple, pendant une méditation !) . La différence avec la vie courante, c'est que l'on a le temps de s'arrêter et de s'auto-analyser à froid. Parfois, je suppose que cela ressemble à une cure de psychanalyse..

En fait, dans la méditation on passe séquentiellement du calme mental à la vue profonde (c'est de grands mots, mais c'est très ordinaire, en réalité). Le calme mental s'obtient en observant sa respiration et en y revenant chaque fois que notre esprit part s'égarer dans une rêverie quelconque. Il ne s'agit pas d'être brutal, et de couper court à nos rêveries en se culpabilisant (une fois de plus) et en se mettant en colère avec soi même. Non. Simplement se dire doucement "attention, pensée (ou rêverie)" et revenir à la respiration.

Rassures toi, tout le monde part dans les rêveries quand on médite. L'intérêt est quand même que l'on s'en rend de plus en plus facilement compte. Ainsi, quand cela arrive dans la vie, hors méditation, on s'en rend aussi compte. La méditation doit être vue aussi comme un entraînement à la vigilance pour la vie "ordinaire". Non pas qu'il soit interdit de rêver, loin de là. Mais pouvoir être conscient que l'on rêvasse, ou pouvoir se rendre compte que l'on se met en colère quand on se met en colère, cela s'appelle maîtriser son esprit, tout simplement.

Mais en même temps que l'on porte son attention sur la respiration, il ne faut pas faire que cela. On s'ennuierait très vite. Non, on porte 25 % de sa vigilance à la respiration. Pour le reste, on essaie d'acquérir un esprit d'ouverture et de lâcher-prise (ce qui est la même chose). Un esprit d'ouverture veut dire essayer de sortir de ses schémas égocentriques et égoïstes , et trouver un peu d'altruisme, c'est à dire se mettre à la place des autres.

Si tu n'arrives pas à lâcher-prise à tous les coups, ce n'est pas grave. Il ne faut pas en faire un facteur de blocage. Il y a plusieurs type de choses que l'on appelle méditation : calme mental, vision profonde, visualisations, Guru Yoga ou Tonglen ne sont pas la même chose (le but est différent). La partie 25 % respiration et vigilance sur l'esprit d'ouverture est plus concernée par le calme mental. La concentration se fait alors sur la respiration. Pour une méditation sur un sujet précis (visualisation, analyse de l'impermanence de toutes choses , etc.) , la concentration passe évidemment de la respiration au sujet médité ! Simplement, si l'on s'aperçoit que l'on a quitté le sujet médité pour aller dans une rêverie (ce qui arrive souvent) , il me semble bon de recommencer une période plus ou moins brève de calme mental (donc sur la respiration) pour ramener l'esprit en lui même avant de prolonger la méditation sur l'autre sujet.

Lâcher prise consiste à essayer d'avoir un esprit large et ouvert comme un ciel sans nuage. Essaies d'imaginer ton esprit comme cela à ce moment là.. Imagines le qui s'étend à l'infini, qui regarde de haut passer les problèmes de la vie ordinaire comme le soleil regarderai passer les nuages dans le ciel. En Hindouisme, on appelle cela la position de témoin. Tu regardes les problèmes comme si tu n'étais pas directement concernée mais plutôt comme une partie de toi qui viendrait en aide à une autre partie de toi, comme un observateur n'appartenant pas à l'action. OK ? Là, tu agis en position neutre. Après, tu dois pouvoir aussi te mettre à la place de l'autre, des autres. Savoir ce qu'ils ressentent face à ton problème. Tout cela aide à lâcher prise. Parfois, on a peur de lâcher prise parce que l'on pense que l'on va perdre quelque chose à soi. Sogyal Rinpotché donne cet exemple. Tu tiens quelque chose dans ta main, le dos de la main vers le ciel. Si tu ouvres la main, bien sur, tu perds ce qu'il y a dedans. Maintenant, si tu tournes la main vers le ciel, dos de la main vers la terre, alors tu peux ouvrir la main, lâcher prise, sans perdre ce que tu tenais dedans.

Un esprit d'ouverture veut dire essayer de sortir de ses schémas égocentriques et égoïstes , et trouver un peu d'altruisme, c'est à dire se mettre à la place des autres.

Comment peut on avoir des schémas égocentriques et égoïstes dans une méditation ? Tout simplement parce que la méditation n'est pas l'éveil ! Parfois, il est dit que l'on peut avoir une idée par moment de ce qu'est la libération, mais la plupart du temps on reste un pauvre humain assez égoïste ! Même si on s'améliore avec le temps. Se mettre à la place des autres permet d'élargir notre esprit, de faire le contraire de l'égocentrisme, et au fond, c'est l'un des buts recherchés, non ?

A un moment va venir une pensée qui ne sera pas une rêverie mais une remontée de notre inconscient, un truc qui nous pose problème sans qu'on en soit vraiment tout à fait conscient. Cela peut être un problème comportemental ("je fais souvent cela, mais je sais au fond de moi même que je ne devrais pas") , ou un événement que nous avons mal ressenti sur le coup et qui est resté sans traitement (untel ma tenu tel propos qui m'a blessé). Cela peut être des tas de choses, mais généralement pas traitées, soit parce que dans l'urgence cela n'a pas été possible, soit parce que inconsciemment, on l'a mis de côté.

Tu culpabilises, et au fond, n'est-ce pas la preuve d'une bonne nature ? Il est nécessaire , chaque fois qu'il t'arrive quelque chose, de chercher le bon côté des choses. Comme je disais, on ne s'aime pas, en général. Ou alors on est bien vaniteux ! rire. Quel est le facteur mental qui remonte dans ce cas là . Le facteur qui déclenche ces remontées ? Voilà une première recherche que tu peux faire. Trouver la cause exacte, pas automatiquement celle qui apparaît en premier lieu. Peut-être as tu vécu une situation semblable il y a longtemps par exemple. Et comme tu en avais souffert, cette anecdote ne fait que raviver ce souvenir plus ou moins inconscient. Ce n'est qu'un exemple, bien sur. Essaies de te mettre, une fois de plus, dans la position du témoin.

Maintenant, ce n'est pas dans la méditation elle même qu'il te faut creuser ce problème (ou un autre). Il faut simplement (à mon avis) noter qu'il existe et se promettre de l'analyser dès que possible. Car sinon, ton esprit va tourner autour tout le temps. Si tu le rejettes il reviendra. Si tu le traites pendant la méditation, il va devenir comme une rengaine et prendre toute la place sans avancer d'un iota. Si tu te promets de le traiter dès que possible, ce n'est plus le cas.

Alors, grâce au calme mental, grâce à l'esprit en repos, nous allons pouvoir résoudre ce problème, et cela généralement de façon très évidente, très claire. La solution, les actions justes à prendre vont nous apparaître de façon évidentes.

C'est cela la vision profonde. On dit qu'à ce moment là, ce n'est plus l'ego qui nous dirige mais l'esprit véritable, l'esprit dit "subtil".

Si on pouvait avoir un guide près de nous qui nous enseigne la bonne méthode et nous donne instantanément les réponses à nos questions au même moment où celles-ci se présentent à notre esprit, on ferait de grands pas rapidement n'est-ce pas?

Pas si sur... Je crois qu'il faut prendre le temps d'assimiler et surtout, le plus important, mettre en pratique, car la théorie ne suffit pas. On dit que nous, les occidentaux, on apprend très vite ... et on oublie tout aussi vite ! Quand on est à un enseignement, on acquière un état d'esprit que l'on laisse dans la salle dès que l'on quitte celle-ci !

En réalité, nos conditionnements sont parfois si forts qu'on les prend pour la réalité. La méditation peut permettre petit à petit de revenir sur ces conditionnements. En fait, elle nous apure de tous ces voiles qui masquent notre vraie nature, insensiblement (d'ou le fait que l'on a l'impression de ne pas faire de progrès. Pourtant, si on regarde quelques années en arrière, la progression est généralement évidente).

Une autre façon de progresser est de chercher notre facteur perturbateur dominant (est-ce la colère ? La jalousie ? etc.) . Une fois que l'on a trouvé (ce qui n'est pas évident) , alors il faut être vigilant envers soi même et le débusquer chaque fois qu'il apparaît. Petit à petit, il devrait s'affaiblir. On peut faire la même chose avec notre qualité dominante, mais pour essayer, bien sur, de la renforcer ...