Les pouvoirs de la croyance inconsciente Auteur : Jean Moisset

Résumé : Certains scientifiques estiment que l'univers existe parce que nous le voulons, parce qu'il est le fruit de la conscience commune. Cette idée apparemment abstraite trouve pourtant des application dans notre quotidien quand le simple fait de "croire" crée le résultat. Souvenons-nous de la phrase de Raymond Réant: "Vous n'arrivez pas à réaliser telle ou telle expérience parce que vous croyez que vous ne le pouvez pas...". La puissance de l'esprit est sans limites estiment certains. On en trouve des exemples dans cet article de notre ami Jean Moisset.

L'imagination a plus de puissance que nous ne l'imaginons...

Jung croyait à l'astrologie et, dans ses premières recherches statistiques, il obtint des résultats positifs. Mais bientôt le doute s'installa en lui. À partir de ce moment-là, ses travaux donnèrent des chiffres décevants. Même observation avec mes recherches sur la loi des séries. Lorsque, en 1991, j'étais persuadé de l'existence de la sérialité, des succès remarquables furent obtenus au début de mon étude sur la roulette au casino de Lindau. Puis, craignant que ces premières recherches soient insuffisantes, je fus moins affirmatif. À partir de ce moment-là, les résultats pour d'autres casinos furent peu positifs, voire parfois défavorables. Selon mon expérience, le fait de croire et de prêter attention aux coïncidences entraîne leur multiplication par création archétypale, avec même un phénomène de contagion pour l'entourage. un accès à l'inconscient collectif On peut faire une constatation analogue au sujet des phénomènes PSI. Ceux-ci seraient générés par un état modifié de conscience ou plutôt un état médiumnique ou mystique d'une personne. H n'existerait pas de transmission d'information ou d'énergie, mais il s'agirait d'efflorescence, de corrélation. Pour avoir un impact la croyance doit être non seulement consciente, mais inconsciente au niveau individuel et donner accès à l'inconscient collectif Dans ce cas, des prodiges sont même possibles (phénomènes mystiques). Ceci explique que lors des expériences en parapsychologie, les moutons (croyants) réussissent mieux que les chèvres (sceptiques). Ajoutons que les enfants, qui n'ont pas de préjugés, obtiennent des succès plus facilement que les adultes. Remarque identique pour l'effet expérimentateur. Selon que cette personne est favorable ou non à la parapsychologie, le résultat des opérations peut être différent. Il en serait de même de la présence de témoins lors de l'expérience, un seul individu hostile à l'idée de parapsychologie pouvant entraver la réussite des tests. Une ambiance du laboratoire joue aussi un rôle important. Notons encore l'effet déclin survenant après plusieurs séries de tests en parapsychologie (cas avec les cartes Zener), qui serait lié sans doute à la longue répétition des opérations, lesquelles finissent par fatiguer et ennuyer le sujet. Sa croyance dans la réussite est alors moins motivée. les résultats obtenus sont de moins en moins bons, et peuvent même devenir fortement négatifs (psi-missing). Il convient de souligner l'étrange pouvoir de l'hypnose où la croyance suggérée au sujet supplante dans ses sensations, perceptions et réactions physiologiques, la réalité objective des faits. Par suggestion, on peut faire apparaître des marques cutanées sur la peau du sujet ou lui faire croire qu'un objet froid est brûlant, ou encore qu'un verre d'eau contient du bon vin. Des expériences ont même été effectuées à longue distance, les résultats étant tout aussi spectaculaires. En sorcellerie, pour éviter d'être victime des paroles ou menaces du sorcier, on ne doit absolument pas croire à leurs effets, consciemment ni surtout inconsciemment. Cet effet croyance existe également dans les guérisons miraculeuses, notamment lors des pèlerinages dans des lieux saints (Lourdes), en pensée positive, visualisation créatrice et dans la célèbre méthode Coué d'autosuggestion. La méthode Coué Emile Coué (1857-1926), pharmacien à Troyes, élève de Liébault et Bernheim, a découvert une psychothérapie basée sur l'autosuggestion. De nos jours, elle est prati9uée à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, plutôt qu'en France où un rationalisme étroit continue à sévir. Il faut dire que cette bonne vieille méthode, considérée comme une thérapie populaire, est d'une simplicité enfantine. Elle repose sur la puissance du verbe, de l'imagination et surtout de la croyance, en adressant un message persuasif et positif à l'inconscient. les yeux fermés, on doit prononcer 20 fois de suite avec les lèvres, le soir aussitôt couché et le matin avant de se lever, la formule rituelle:

" Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux "

Bien sûr, on ne guérira pas des maladies graves telles que le cancer par ce procédé, mais celui-ci est efficace dans les pathologies psychosomatiques, la neurasthénie, les ulcères, l'asthme, l'eczéma, les arythmies cardiaques, la goutte, l'entérite...Il est conseillé de ne pas utiliser des formules négatives comme " je ne vais plus avoir mal ", ni marquées par la volonté, telles que " je veux aller mieux ", qui sont inopérantes sur l'inconscient. De même, il convient de répéter la formule de façon mécanique sans y porter attention, sans y penser, c'est-à-dire autant que possible de manière " non consciente ". Ce n'est pas facile! le mieux est de prononcer la phrase assez haut pour entendre sa propre voix et de compter machinalement les déclarations au moyen d'une ficelle comportant 20 noeuds. Rappelons, enfin, que le pharmacien de Troyes est à l'origine des médicaments placebo qui, comme l'autosuggestion, seraient fondés sur le principe de l'autoguérison. Ainsi que le souligne le docteur Patrick Lemoine, en matière de croyance l'effet placebo a un petit côté magique.

L'effet placebo Cet effet mystérieux est démontré scientifiquement. Un médicament placebo est un produit neutre composé de sucre, amidon, eau distillée... Il est parfois presque aussi actif qu'un vrai remède, en particulier dans les douleurs, l'insomnie et d'une façon générale dans les maladies psychosomatiques. Curieusement, le patient ressent souvent les mêmes effets secondaires indésirables, dits " nocebo ". Exemple : un comprimé d'un produit placebo étiqueté aspirine absorbé par une personne croyant qu'il s'agit d'un médicament réel, la soulagera de sa migraine (!) et pourra même lui provoquer de petites hémorragies, effet indésirable provoqué par l'aspirine chez certains patients. Le plus surprenant, c'est que les médicaments placebo sont également actifs chez les bébés et les animaux. Ici, l'efficacité du placebo s'expliquerait par le fait que la mère du bébé et le maître de l'animal croiraient qu'il s'agit d'un vrai médicament. Par une sorte de symbiose empathique et psychique, l'effet placebo se répercuterait sur le bébé ou l'animal. Autre exemple d'effet placebo. Lorsque le malade croit aux capacités du thérapeute cela est déjà un pas vers une amélioration de son état. Si la renommée du praticien, du psychothérapeute ou du guérisseur est très répandue dans le public, le patient en est d'autant plus impressionné lors de sa visite. La croyance du malade dans la valeur de son médecin, le rôle de l'inconscient et les pouvoirs d'autoguérison du cerveau ne doivent pas être négligés. Selon la nature du traitement, le nom, le prix, le goût du médicament, la couleur des emballages, des gélules ou des comprimés peuvent exercer une influence inconsciente sur la croyance du malade dans l'efficacité du produit.

Un effet placebo existe également en chirurgie. Ainsi l'intervention pour traiter une angine de poitrine d'après une technique italienne a montré que les patients du groupe ayant subi une simple incision superficielle ont bénéficié de la même amélioration que ceux du groupe ayant été effectivement opérés. En ce qui concerne les guérisseurs philippins aux mains nues, les prétendues opérations chirurgicales sont en fait des numéros de prestidigitation, sans pénétration des mains du pseudo-chirurgien dans le corps du patient. Il s'agit d'une sorte de chirurgie placebo améliorant exceptionnellement l'état du malade qui croirait consciemment et inconsciemment qu'il a été réellement opéré. Même observation pour les traitements magiques et occultes (talismans, pentacles, potions miraculeuses, sortilèges curatifs, médecine astrologique, numérologique karmique...) pour lesquels un grand scepticisme est de rigueur le seul résultat possible à en attendre ne pourrait être dû qu'à une sorte d'effet placebo par croyance irrationnelle.

Croyance, chance et malchance

Pour quelles raisons certaines personnes connaissent en général le succès alors que d'autres, possédant une intelligence et des capacités comparables, échouent le plus souvent dans leurs entreprises? De même, comment expliquer la loi des séries, c'est-à-dire que dans la vie d'un individu, pendant une courte période, tous les événements sont favorables (rencontre du grand amour; promotion dans son travail, gain important au loto...), ou alors tout va mal le même jour; il apprend que son conjoint le trompe, que ses enfants se droguent, qu'il est licencié, et il a en outre un accident d'automobile). Également, des gens sont réputés exercer une influence bénéfique sur leur entourage, tandis que d'autres paraissent " porter la poisse " à leurs proches et amis. Dans toutes les circonstances de la vie, le fait d'avoir des pensées positives, de croire à sa chance ou au contraire d'être constamment pessimiste ou sceptique peut influencer le sens des événements. Là encore, la croyance en la chance doit être inconsciente pour que cette dernière soit au rendez-vous. Il faut avoir confiance dans le hasard qui, paraît-il, fait bien les choses et peut créer d'heureuses synchronicités. Voici une curieuse observation lorsqu'une personne ne connaît rien à un jeu et le pratique pour la première fois sans véritable désir " conscient " de gagner; mais seulement pour s'amuser, elle est souvent favorisée par la chance. Ceci est d'ailleurs illustré par un dicton " Aux innocents les mains pleines". Comme nous l'avons déjà souligné, les enfants n'ont pas en général de préjugés. lls peuvent donc accéder facilement de façon inconsciente à cet état d'esprit. Pour eux une expérience est un amusement. Selon les habitués des casinos, lorsqu'un joueur croit à sa chance, (surtout inconsciemment), le sort lui est souvent favorable.

La loi de Murphy

Formulée par Edward Murphy à la suite d'une expérience ratée, elle est la loi des contretemps, des petits ennuis de la vie quotidienne, les choses ayant semble-t-il plutôt tendance à être chaotiques, à aller dans le mauvais sens. Chacun de nous peut en faire la constatation. C'est le cas de la tartine qui tombe à terre du côté beurré. Voici un autre exemple : vous vous dirigez vers les caisses d'un hypermarché pour régler vos achats.Il y a foule; difficile de trouver une file avec peu de clients ayant des chariots pas trop remplis de marchandises. Comme par hasard, vous prenez une file où des personnes ont des produits non étiquetés ou comportant des codes barre illisibles, ou encore des cartes de crédit avec problèmes, ce qui occasionne une attente interminable. Vous avez l'impression que Si vous aviez choisi une autre caisse, le règlement de vos achats aurait été beaucoup plus rapide. Encore quelques exemples : il pleut lorsque vous ne prenez pas votre parapluie, alors que, Si vous l'emportez, il fait un soleil radieux; Si vous êtes pressé, la rame de métro démarre au moment où vous vous présentez sur le quai; votre train prend du retard justement le jour où vous avez un rendez-vous important. En réalité, il s'agit d'un problème psychologique. Nous ne remarquons pas les événements quand ils se déroulent bien ou normalement, alors que nous avons notre attention attirée par les difficultés. Même Si elle correspond à quelques dictons populaires, la loi de Murphy doit pouvoir être expliquée par les probabilités. Mais, attention à l'effet croyance en cette loi insidieuse à caractère pessimiste qui, là encore, peut nous occasionner des contretemps plus nombreux par " incidence synchronistique ".