Spiritualités

 
 
 

L'essence des sens

 

De quoi vais-je bien pouvoir parler ici ? Des sens ? D'essence ? C'est essentiel, n'est-ce pas ... Sans les sens, nous ne saurions pas que nous sommes vivants.

En effet, les sens sont le lien entre notre corps matériel et notre essence éternelle. Quand le corps veut passer un message à l'esprit, c'est par l'intermédiaire des sens que celui ci prévient celui là : "c'est trop chaud !" ou "j'ai faim !".

De même, c'est aussi par le canal des sens que l'esprit accompli ce qui le motive : il utilise le sens de la parole pour communiquer avec un autre esprit (esprit : pensée è formulation en parole ó réception de la parole de l'autre par l'intermédiaire du sens de l'ouïe è esprit du receveur) .

Bon, tout cela, me diras-tu ami lecteur, est évident. Tellement évident qu'on le vit à chaque seconde de façon inconsciente. Inconsciente ! Mais c'est là le problème, justement !

Ainsi, quand nous sommes à tables, mon épouse, mes enfants et moi, il y a beaucoup de discussions. C'est même à celui qui parlera le plus fort pour faire passer sa pensée du moment. Et on enfourne la nourriture sans même se rendre compte de ce que l'on met dans la bouche. C'est bien sûr dommage pour le cuisinier qui a passé un bout de temps dans la cuisine pour préparer le repas. Cela l'est aussi pour la personne qui mange sans le savoir, sans déguster.

Notre vie est pleine de situations comme celle là ou nos sens ne nous servent à rien, engloutis qu'ils sont sous notre ego démesuré. Pour un repas, cela n'est évidemment pas bien grave. Mais il y a bien d'autres situations ou nous ferions tellement bien mieux d'être à l'écoute de nos sens, ne crois-tu pas, ami lecteur ?

On parle de nos 5 sens : goût, odorat, toucher, ouïe et vue, auxquels j'aimerai rajouter la parole. En réalité , il y en a un sixième qui est tout simplement notre conscience. Notre conscience qui nous permet de "toucher" le monde à travers les 5 autres sens. Ce 6eme sens est tellement important que quand nous ne l'avons plus, nous sommes dans le coma, .. ou morts.

Que reste-t-il des sens après la mort, pourrait-on se demander ?

Le goût ne doit plus exister ! A quoi servirait-il ?

L'odorat, je ne sais pas. Mais il doit bien en être comme pour le goût !

Le toucher ? Toucher un autre esprit ? Pourquoi pas ! Sentir la présence de quelqu'un ...

L'ouïe, la vue et la parole doivent avoir leur équivalent dans une quelconque télépathie...

La conscience, oui, bien sûr . Mais peut être assez différente: plus claire, moins "écrasée" par le côté trop terrestre des sens.

Le mieux pour en avoir une idée est de comparer la vie éveillée avec le rêve. Dormir, c'est un peu comme mourir. Et rêver, c'est se réveiller dans l'au-delà. Plus ou moins... Les spirites et même les bouddhistes ne parlent-ils pas de "corps de rêve" ?

Or, justement, je ne me souviens pas d'avoir expérimenté l'odorat pendant un rêve. Le goût, oui, parfois, mais très rarement. Mais n'oublions pas que rêve n'est pas au-delà ! Le toucher, lui, est présent, tout comme la communication (vue-parole-écoute). Quand à la conscience, elle est effectivement plus acérée, plus vive et plus profonde dans le rêve que dans la vie éveillée. Qu'en penses tu, ami lecteur ?

Nos sens constituent ainsi la structure de notre ego, ou du moins en sont-ils le support , la base. Nous nous percevons au travers de nos perceptions, donc du fonctionnement de nos sens. Mais c'est l'interprétation par notre esprit de ces perceptions qui construisent notre ego. Si l'interprétation de nos perceptions sont justes ou neutres, nous auront un ego sain, sinon, nous aurons un ego déformé, comme l'image des perceptions que l'esprit reçoit.

Prenons un exemple. Nous nous promenons de jour dans un musée où une statue représentant un guerrier africain pointe une lance vers les visiteurs. Notre perception, juste, nous fera simplement admirer la statue (ou être indifférent, neutre). Si, par contre, une panne de courant nous prive d'éclairage, hormis celui de secours, la rencontre fortuite de cette même statue dans la pénombre va nous apparaître comme menaçante et notre perception (trompée, erronée) va modifier notre réaction face à la statue (fuite, attaque, cri, etc.). L'ego sera momentanément passé de l'état de sain à l'état déséquilibré.

Or, dans notre vie de tous les jours, nos sens passent leurs temps à nous tromper. La plupart du temps de façon nettement plus subtile que dans mon exemple. C'est là que notre monde semble devenir dangereux, médiocre, etc., car bien entendu, si nous nous laissons abuser par nos sens, les autres personnes que nous côtoyons aussi. Et d'ego trompé en ego trompé, il y a des réactions en chaînes qui font que notre monde devient réellement invivable et dangereux. C'est une spirale infernale. D'autant plus infernale qu'elle est inconsciente. L'homme n'est pas méchant par "construction" mais par manque de vigilance envers ses propres outils d'appréhension du monde : ses sens !

En réalité, s'intéresser à nos sens, c'est s'intéresser à soi même (sans égocentrisme) , être curieux à son propre sujet : entrer en amitié avec soi-même. N'est-il pas vrai que l'on a tendance à ne pas s'aimer soi-même ? On condamne quelqu'un qui fait un impaire. Mais on se condamne soi même dix fois plus quand on fait le même impaire. Il nous faut apprendre à cultiver douceur et bienveillance envers notre ego, un peu comme pour un petit enfant. Si l'on fait un impaire, on peut bien sur, comme d'habitude, s'en vouloir. Mais on peut aussi se dire "ce n'est rien, c'est mon ego. C'est normal au fond. Je ne peux pas encore demander à mon ego d'être aussi sain qu'un ego de grand sage. Voyons voir ce que je peux faire pour que cela ne se reproduise plus !". Ce n'est donc pas de la faiblesse, mais de la clarté. C'est le contraire qui serait vaniteux : croire que parce que l'on suit une voie spirituelle quelconque depuis un an ou 10 ans suffit à être aussi sage qu'un Sage ...

Une fois compris cela, on peut commencer à lâcher-prise, c'est à dire à être ouvert sur l'extérieur, ne plus rester figé sur son monde. Le lâcher-prise, c'est le contraire de l'étroitesse d'esprit.

Enfin, on peut cultiver la satisfaction. Mais oui ! La satisfaction est vue comme de l'autosuffisance, souvent. Mais si cultiver la satisfaction consiste à être satisfait de ce que l'on a déjà, alors c'est une clef d'or magique pour vivre pleinement, libre, sans de continuels attachements et désirs.

Ainsi, nous serions capable de bien interpréter le message de nos sens.